Petites histoires : les cimetières jardins d’autrefois…
Des cimetières paroissiaux aux cimetières municipaux, éloignés des centres-villes
Le 10 mars 1776, une ordonnance royale prescrit le déplacement des cimetières en dehors de l’enceinte des villes notamment pour des raisons sanitaires.
La Révolution française transfère la propriété des cimetières paroissiaux à la commune : le cimetière municipal devient alors public par décret impérial du 2 juin 1804.
Jusqu’au début du XIXème siècle, le cimetière était au cœur de la vie de la commune, souvent situé autour de l’église, ayant un aspect naturel mélangeant zones en herbe, fleurs, arbustes… Les cimetières étaient alors jardinés. L’arbre y était bien présent car véhiculant une symbolique importante :
- le chêne pour la pérennité et l’attachement familial,
- le saule pleureur évocateur du deuil,
- l’acacia, le cyprès et le lierre symbolisant l’immortalité,
- le buis la permanence de la vie…
L’entretien était souvent réalisé par une personne présente en continue qui s’occupait à la fois de la gestion courante du cimetière et de la création des fosses.
Des considérations sanitaires qui poussent à la standardisation
Dans le même temps, ce décret impérial impose que les plantations soient “faites en prenant les précautions convenables pour ne pas gêner la circulation de l’air” afin de répondre aux normes sanitaires de l’époque (art. R2223-2 du Code général des collectivités territoriales (CGCT)).
La clôture d’enceinte, un mur de 2 mètres au moins, “peut être fait d’un grillage métallique (autorisé par le décret du 5 janvier 1921) […] renforcée par un écran d’arbustes épineux ou à feuilles persistantes” (art. R2223-2 du CGCT).
Le passage à cette gestion communale va ainsi tendre vers une standardisation de la conception des cimetières.
La fin du XXème siècle a découragé l’expression de la nature dans les cimetières. Dans le cimetière contemporain, de nouveaux codes sociaux apparaissent avec notamment l’appropriation de l’espace lié au système d’acquisition de concessions.
Petit à petit, les plus riches construisent des monuments en pierre, puis au fil du temps ce mouvement gagnera toutes les couches sociales avec des pierres tombales et une minéralisation globale de cet espace : pierres de marbre, caveaux de béton fabriqués artisanalement, puis industriellement sont alignés entre des allées de graviers.
Avec l’avènement de la pétrochimie, après la seconde guerre mondiale, la gestion de ces espaces s’est vue modifiée par l’utilisation systématique des pesticides et herbicides de synthèse, le but étant de garantir un sentiment de “propreté”. C’est la chasse aux herbes folles !
Un changement de regard sur les cimetières
L’interdiction des produits phytosanitaires de synthèse, premier pas vers un retour de la nature
Lieu de repos et patrimoine du village, il est nécessaire de le protéger et le mettre en valeur.
Par tradition, nous sommes nombreux à nous rendre au cimetière le 1er novembre, dans ce lieu parfois qualifié d’espace austère, où le minéral prime.
Toutefois, nos cimetières sont des témoins de l’histoire et du passé; alors, parcourez les allées et déambuler dans les anciens carrés vous rencontrerez une grande variété de tombes parmi lesquels des monuments remarquables.
Le promeneur peut admirer différents types et taille de pierre avec des sculptures des croix ou des clôtures en fer forgé.
Les inscriptions à demi effacées permettent de lire les noms plus ou moins oubliés des personnes enterrées.
Ces souvenirs d’histoire locale à découvrir témoignent de la valeur de ce patrimoine funéraire.